La médiatisation de nombreuses affaires a mis en lumière le caractère systémique des violences physiques et sexuelles exercées sur les enfants. Avec 2 à 3 élèves victimes de violences sexuelles et d’inceste dans les classes, il y a urgence à agir. C’est ainsi que suite aux révélations de l’affaire Bétharram, la ministre de l’Éducation nationale a lancé, en mars dernier, le plan “Brisons le silence, agissons ensemble : pour que des violences physiques, morales et sexuelles ne puissent plus se produire à l’école”. Ce plan est axé sur deux objectifs : la libération de la parole des enfants et un contrôle accru de l’enseignement privé sous contrat.

A l’école élémentaire, après une phase d’expérimentation, des questionnaires anonymes seront mis en place dès la rentrée pour les élèves du CP au CM2 après un voyage scolaire avec nuitée. Prévue en ligne, leur passation pourra aussi se faire sur format papier faute d’équipement informatique suffisant. Malgré quelques évolutions suite aux groupes de travail avec le ministère, les questions restent peu adaptées à l’âge des enfants.
Finalement, cette mesure qui affiche un enjeu de détection des VSS chez les enfants paraît insuffisante et n’est pas à la hauteur. En effet, les violences peuvent survenir à tout moment de la vie à l’école (classe, cour, couloirs, toilettes, temps périscolaire, etc.). En outre, l’anonymat des questionnaires empêche d’identifier, de prendre en charge et de soutenir les victimes. Parmi les évolutions annoncées, le ministère a affirmé travailler avec la CNIL à sa levée. Il n’en reste pas moins que ce dispositif ne saurait se substituer aux nécessaires temps d’enseignement que sont l’EMC, l’EMI ou particulièrement l’EVAR·S, essentiels à la prévention et à la libération de la parole, dans un cadre sécurisé.

En parallèle, le ministère a également présenté diverses mesures sur la sécurité et la discipline, censées améliorer le climat scolaire (punitions, sécurisation des abords, intrusions,…), sans aborder les causes profondes des violences ni leur prévention : la formation des personnels, pourtant essentielle pour agir sur le long terme, est à peine évoquée.

Ce plan est l’illustration de choix ministériels dictés par l’actualité, l’urgence et le besoin de communication. Il a été lancé sans attendre les conclusions de la commission d’enquête parlementaire et ses cinquante préconisations, publiées le 2 juillet. La copie est largement à revoir.

“Brisons le silence” : “agissons ensemble” pour une réponse à la hauteur des enjeux

“Brisons le silence” : “agissons ensemble” pour une réponse à la hauteur des enjeux